- Selon l’OMS, les vapes risquent de « renormaliser le comportement tabagique », en particulier chez les jeunes.
- Le rapport 2025 met en garde contre le fait que les nouveaux produits à base de nicotine pourraient réduire à néant les progrès réalisés en matière de santé publique.
- Les vapes sont décrites comme « addictives et nocives » et liées à une augmentation de la consommation de cigarettes.
- Les défenseurs de la réduction des risques accusent l’OMS et le BMJ de présenter les choses de manière trompeuse et sans esprit critique.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti que l’utilisation des vapes risquait de « renormaliser le comportement tabagique », en particulier chez les jeunes, dans un nouveau rapport d’envergure sur la lutte mondiale contre le tabagisme.
Les spécialistes de la réduction des risques ont critiqué le cadrage de l’agence, le qualifiant de trompeur, non scientifique et potentiellement contre-productif pour la santé publique.
Le rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme, 2025, indique : « L’utilisation des ENDS risque de renormaliser le comportement tabagique, en particulier chez les jeunes.
Il affirme que la popularité croissante des systèmes électroniques d’administration de nicotine (ENDS), tels que les vapes, pourrait compromettre les succès des politiques d’interdiction de fumer qui ont contribué à réduire les taux de tabagisme au cours des dernières décennies.
Aucun avantage net n’a été prouvé
Le rapport affirme : « Les e-cigarettes sont souvent présentées comme une alternative moins nocive que les cigarettes conventionnelles ; cependant, à ce jour, il n’a pas été prouvé que la commercialisation des e-cigarettes ait eu un effet bénéfique net sur la santé publique ».
Selon l’OMS, les vapes, qui chauffent un liquide pour produire un aérosol inhalable, « créent une dépendance et sont nocives » et augmentent « la consommation de cigarettes classiques, en particulier chez les jeunes non-fumeurs ».
Le rapport s’inquiète également du fait que les vapes sont commercialisées en utilisant des tactiques qui ciblent les enfants et les adolescents, notamment l’utilisation d’arômes et les campagnes dans les médias sociaux.
L’OMS exhorte les pays à interdire ou à réglementer les vapes
L’agence encourage les pays à interdire la vente de vapes ou à les réglementer fortement, notamment par l’interdiction des arômes, des avertissements sanitaires et des restrictions d’âge.
Toutefois, les défenseurs de la réduction des risques ont vivement critiqué la position de l’OMS.
Clive Bates, ancien directeur d’Action on Smoking and Health (ASH) et partisan de longue date de la réduction des méfaits du tabac, a répondu : « Une alternative à la cigarette qui supprime les risques du tabagisme, renormalisant le tabagisme ? Hmmm… comment cela fonctionne-t-il ? Les vapes ont normalisé l’arrêt du tabac en créant une alternative ».
M. Bates a également critiqué la couverture du rapport par le British Medical Journal (BMJ). Alors que le rapport officiel de 315 pages de l’OMS se concentre principalement sur la mise en œuvre des avertissements sanitaires relatifs au tabac, l’article du BMJ ne met en évidence que les affirmations de l’agence concernant le vapotage, y compris les remarques hors-scénario faites lors d’une récente conférence à Dublin.
M. Bates a déclaré : « Bien que le thème principal du rapport soit la prise en compte des avertissements sanitaires, le BMJ a choisi de mettre l’accent sur les commentaires relatifs au vapotage.
« Les remarques rapportées par le BMJ ne figurent ni dans le rapport ni dans le communiqué de presse, mais semblent avoir été proférées du haut de la tribune par des fonctionnaires de l’OMS n’ayant aucun compte à rendre lors de la conférence mondiale sur la lutte antitabac qui s’est tenue à Dublin.
Il a ajouté : « Le journaliste – ou plutôt le sténographe – du BMJ n’applique aucune évaluation critique aux déclarations de l’OMS et ne cherche aucune autre perspective ».
L’ENDS pourrait « inverser » les progrès en matière de santé publique
Le rapport de l’OMS appelle les gouvernements à protéger la santé publique en limitant l’accès aux ENDS, en particulier chez les jeunes, et prévient que si aucune mesure n’est prise, les « nouveaux produits du tabac et de la nicotine » pourraient réduire à néant les progrès accomplis au cours des deux dernières décennies.
Mais les critiques affirment qu’une telle position ne tient pas suffisamment compte du rôle des substituts nicotiniques plus sûrs pour aider les fumeurs à arrêter de fumer, et qu’elle risque en fin de compte d’inciter davantage de personnes à fumer.
L’OMS sous le feu des critiques des défenseurs de la santé
Ce rapport intervient après que le plus haut responsable de l’OMS a été critiqué en mai pour avoir déclaré que « le tabac tue, quelle que soit la manière dont il est conditionné ».
Les experts en santé et les défenseurs de la réduction des risques ont déclaré que le commentaire du directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, ignorait des décennies de recherche montrant que tous les produits du tabac et de la nicotine ne présentent pas les mêmes risques.
Cette déclaration a été faite lors d’une présentation préenregistrée à l’occasion d’un séminaire en ligne célébrant la « Journée mondiale sans tabac ».
En mars, la convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) – un traité historique visant à réduire le nombre de fumeurs dans le monde – a fêté son 20e anniversaire en février.
Un éminent spécialiste de la santé mondiale a averti que loin d’éradiquer le fléau du tabagisme, le cadre « laisse tomber ceux qui en ont le plus besoin ».
Le Dr Delon Human, auteur, médecin de famille et expert en réduction des méfaits du tabac, a déclaré : « …après deux décennies d’influence et d’activités coûteuses dans le cadre de la CCLAT, la réalité est sombre : le tabagisme tue encore 8,5 millions de personnes par an, et plus de 1,2 milliard de personnes continuent à consommer du tabac.
« Si certains pays ont progressé, de nombreuses régions à revenu faible ou intermédiaire n’ont connu qu’une amélioration minime.
