Le gouvernement suédois s’est formellement opposé à la proposition de la France d’interdire les sachets de nicotine.
À la suite d’une action en justice similaire menée au début de l’année contre la législation espagnole visant à restreindre les sachets de nicotine, la Suède a soumis un « avis circonstancié » à l’Union européenne (UE) pour contester le projet de décret de la France.
La proposition française interdirait les sachets de nicotine et autres produits à base de nicotine orale, avec des exceptions uniquement pour la nicotine médicinale et le tabac à mâcher.
En vertu de la nouvelle loi, qui entrerait en vigueur dans le courant de l’année, toute personne surprise en possession de ces produits serait passible d’une peine d’emprisonnement de cinq ans. En raison de leur forte teneur en nicotine, ces produits seraient considérés comme des « substances vénéneuses » au sens du code de la santé publique français.
Les tribunaux français seraient également habilités à infliger des amendes allant jusqu’à 375 000 euros à toute personne surprise en possession de sachets de nicotine, même si c’est pour sa propre consommation. L’amende maximale pour l’usage de stupéfiants tels que la cocaïne et l’héroïne n’est que de 3 750 euros.
La réussite de la Suède
Les sachets de nicotine sont la pierre angulaire de la réussite de la Suède en matière de santé publique. Grâce à l’utilisation généralisée des sachets et d’autres solutions antitabac telles que les vapes, la Suède peut se targuer d’avoir le taux de tabagisme le plus bas du monde.
Selon le groupe de campagne mondiale pour la santé Smoke Free Sweden, le taux de mortalité par cancer du poumon chez les hommes suédois est inférieur de 61 % à la moyenne européenne, et la mortalité globale par cancer est inférieure de 34 % à la norme de l’UE.
« La Suède doit être applaudie pour avoir défendu son modèle de réduction des risques et les droits des consommateurs adultes dans toute l’Europe », a déclaré le Dr Delon Human, expert en santé mondiale et dirigeant de Smoke Free Sweden. « Son plaidoyer continu témoigne d’un engagement en faveur de la santé publique par le biais de l’innovation, et non de la prohibition ».
Le ministre suédois du commerce, Benjamin Dousa, qui est le fer de lance de ce nouveau défi, a souligné l’importance de protéger le choix des consommateurs et de soutenir le secteur des entreprises nationales.
« Nous envoyons un signal clair aux autres pays de l’UE : nous défendrons notre propre secteur d’activité et nos utilisateurs », a déclaré M. Dousa.
Liberté de choix
« Tous les pays de l’UE ont le droit de réglementer les sachets de nicotine, ce que la Suède a fait de manière responsable en fixant des limites d’âge, des règles de commercialisation et des étiquettes d’avertissement. En fin de compte, c’est une question de liberté de choix ».
L’approche de la Suède contraste fortement avec l’interdiction proposée par la France, que les experts en réduction des risques considèrent comme trop restrictive et contre-productive par rapport aux objectifs de réduction du tabagisme.
Alors que la France vise à éliminer tous les produits non médicamenteux à base de nicotine orale, la Suède préconise une réglementation équilibrée qui minimise l’accès des jeunes tout en aidant les fumeurs adultes à opter pour des solutions moins nocives.
M. Human a ajouté : « Les substituts nicotiniques sans fumée sont essentiels pour parvenir à une Europe plus saine et sans tabac. La position de la Suède défend les intérêts nationaux et les principes fondamentaux de la réduction des dommages et de la liberté des consommateurs.
« Nous exhortons les décideurs politiques de toute l’Europe à prendre en compte les données de la Suède, où des alternatives plus sûres ont fait baisser les taux de tabagisme. Il s’agit là d’un modèle pour l’avenir : une réglementation raisonnable qui protège les jeunes et aide les adultes à arrêter de fumer ».
Taux de tabagisme : Suède contre France
Un récent rapport de Smoke Free Sweden a comparé les politiques prohibitives de lutte contre le tabagisme de la France à l’approche plus réglementaire des Suédois. Il souligne que l’adoption par la Suède d’alternatives à la nicotine, telles que les vapes et le snus, a permis d’atteindre un taux de tabagisme inférieur à 5 %, alors qu’en France, 25 % des adultes fument encore.
