Le Bangladesh a mis en place une interdiction stricte sur toutes les importations de cigarettes électroniques et de sachets de nicotine.
« Il est nécessaire de prendre des mesures urgentes pour interdire ces produits et assurer la santé publique et la sécurité des générations futures », a déclaré le ministère de la Santé et de la Protection sociale.
Étant donné qu’il n’existe aucun fabricant national de cigarettes électroniques ou de sachets de nicotine au Bangladesh, cette nouvelle législation équivaut à une interdiction totale de ces produits.
Une industrie du tabac en plein essor
Pendant ce temps, British American Tobacco (BAT) – qui détient une part de marché massive de 70 % dans l’industrie du tabac du pays – a annoncé l’expansion de ses installations de production au Bangladesh.
Priver les fumeurs d’une alternative moins nocive
L’amendement à la loi sur le contrôle du tabagisme et de l’utilisation des produits du tabac (Smoking and Using of Tobacco Products (Control) Act) a été proposé lors d’une réunion du cabinet en décembre par la division des services de santé du pays, et adopté le 7 janvier par le ministère du Commerce.
Cette loi a été adoptée malgré les avertissements des groupes commerciaux représentant les importateurs de vapes, qui avaient exhorté le gouvernement à reconsidérer sa décision. Ils ont averti que cette interdiction priverait les fumeurs adultes d’une alternative beaucoup moins nocive au tabac et aurait un impact négatif sur l’économie.
L’ancienne Première ministre Sheikh Hasina – contrainte de démissionner en décembre – avait annoncé pour la première fois l’intention du gouvernement d’interdire les cigarettes électroniques en 2021, en partenariat avec la Campaign for Tobacco-Free Kids. Cette interdiction a été confirmée en décembre par le gouvernement intérimaire dirigé par Muhammad Yunus.
Une demande croissante pour les cigarettes
Le même mois, le géant du tabac BAT a annoncé un investissement de 284 millions de takas (2,28 millions d’euros) au Bangladesh afin de répondre à la « demande croissante de cigarettes ».
Dans un communiqué adressé à la bourse le 19 décembre, BAT a indiqué que son conseil d’administration avait approuvé cette décision d’investissement lors d’une réunion la veille.
« L’investissement sera financé par des ressources internes et un financement bancaire en fonction du flux de trésorerie de l’entreprise », a précisé la société.
BAT Bangladesh a déjà investi plus de 12 milliards de takas (96 millions d’euros) ces quatre dernières années pour augmenter sa capacité de production. Ses ventes nettes ont connu une croissance annuelle de 9,6 %, atteignant 20,51 milliards de takas (165 millions d’euros) au troisième trimestre de l’année dernière.
Au Bangladesh, 35,5 % des personnes âgées de 15 ans et plus consomment du tabac, entraînant environ 126 000 décès par an. Le pays est ainsi le neuvième plus grand consommateur de tabac au monde. Si très peu de femmes fument, le taux de tabagisme atteint environ 40 % chez les hommes.
La réduction des risques, une stratégie plus efficace
Des preuves en provenance de pays comme la Suède et la Nouvelle-Zélande montrent que ce nombre de décès pourrait être considérablement réduit si les produits de nicotine à faible risque – tels que les cigarettes électroniques, le snus et les sachets de nicotine – étaient réglementés et encouragés comme alternatives plus sûres pour les fumeurs adultes.
S’opposant à l’interdiction au Bangladesh, Michael Landl, directeur de la World Vapers’ Alliance, a déclaré :
« Les pays qui ont adopté des approches ouvertes en matière de réduction des risques ont obtenu un succès remarquable. La Suède et la Nouvelle-Zélande sont sur le point d’atteindre un statut quasi sans fumée, avec des taux de tabagisme historiquement bas, ce qui en fait des exemples parfaits de stratégies efficaces de réduction des méfaits du tabac. »
Il a ajouté :
« À l’inverse, les pays qui ont adopté des interdictions strictes ont connu des conséquences désastreuses. L’Australie, avec son interdiction de facto de la vape, a vu exploser le marché noir et même des ‘guerres du tabac’, comprenant plus de 200 incendies criminels entre gangs rivaux. »
